Le 11 novembre dernier, un nouveau maillot s’est élevé au plafond du AT&T Center de San Antonio. Tony Parker a rejoint d’autres anciennes gloires de la franchise. L’occasion pour la Spurs Nation France de vous faire découvrir l’histoire de ces joueurs qui ont marqué de leur empreinte l’histoire des Silver and Black. Commençons par le plus ancien d’entre eux, le numéro 13 James Silas, passé par la ABA et les Dallas Chaparrals, ancêtres de nos Spurs d’aujourd’hui. Le Snake a été honoré en 1984 à la HemisFair Arena.
Vous ne connaissez pas James Silas ? C’est assez compréhensible tant il est longtemps resté sous les radars. Mais son histoire est fortement liée à celle des San Antonio Spurs. Joueur des années 1970, ce point guard a évolué une partie de sa carrière en ABA. À une époque où les matchs télévisés étaient une rareté. Aujourd’hui encore, difficile de trouver beaucoup de vidéos du numéro 13 des Spurs en action.
Mesuré à 1,85 m pour 84 kg, le gamin originaire de Tallulah en Louisiane effectue son cursus universitaire à Stephen F. Austin State University au Texas, en NAIA (National Association of Intercollegiate Athletics). Pour la petite histoire, la NAIB (National Association for Intercollegiate Basketball), qui devient la NAIA en 1952, est la première à accueillir un athlète noir en 1948.
Oublié par les scouts NBA
James Silas passe 4 saisons dans cette obscure fac, dont deux comme All-American, et conduit son équipe à un bilan de 29-1 lors de son année sénior, avec une moyenne de 30,7 points.
« Personne n’a entendu parler de Stephen F. Austin alors que nous étions une bonne équipe. Je pense que les scouts devraient davantage regarder la NAIA. » James Silas
The Secret Life of James Silas, Dan Patisson
Drafté dès 1972 en NBA par les Houston Rockets au 4e tour, il n’a pas l’occasion de faire ses preuves puisqu’il est coupé. Un coup dur qu’il avait senti venir. « J’avais le sentiment qu’ils savaient qu’ils allaient me couper depuis le début. Mais ils l’ont fait juste avant le premier match de la saison régulière. Tous les rosters étaient alors complets. Ils auraient dû me libérer plus tôt que je m’engage ailleurs. »
Les Dallas Chaparrals, alors en ABA, sautent sur l’occasion et engagent le meneur de jeu. C’est Babe McCarthy, originaire lui aussi de Tallulah, qui lui offre une chance. Il s’illustre rapidement, puisqu’il est élu dans la All-Rookie team avec des stats correctes : 13,7 points, 4,3 rebonds et 3,1 passes à un très propre 50,2 % au shoot. Malgré cela, l’équipe rate les playoffs et les propriétaires cèdent la franchise à un groupe d’hommes d’affaires de San Antonio. Les Chaparrals déménagent et deviennent les Spurs, avec un certain James Silas dans les bagages.
Convaincu de son talent, il est conscient qu’il doit briller pour marquer les esprits, d’autant plus dans une ligue sous-médiatisée et en difficultés financières comme la ABA. « Je pensais que j’étais aussi bon que ceux dont on parlait dans les journaux. J’ai toujours pensé que j’étais aussi bon que les arrières des grosses universités. Désormais, j’ai une chance de le prouver. »
L’éclosion chez les Spurs
Et James Silas ne va pas manquer son opportunité. Il trouve rapidement ses marques sous le maillot des Spurs pour enchaîner deux sélections au All Star Game ABA, lors de ses deuxième et troisième saisons à San Antonio. Rapide et agile, le meneur hérite dans le même temps du surnom « The Late Mr. Silas » pour souligner son côté clutch dans le quatrième quart-temps. Le numéro 13 termine la saison 1975-76 avec sa plus belle ligne de stats en carrière : 23,8 points, 4 rebonds, 5,4 passes et 1,8 interception. Malheureusement pour lui, il se fracture la cheville lors du Match 1 des demi-finales de conférence contre les New York Nets.
Malgré une place au sein de la All ABA First Team dans laquelle on retrouve Julius Erving, Artis Gilmore, Billy Knight et Ralph Simpson, James Silas ne cherche pas la lumière. Il donne tout sur le terrain à chaque match. « Quand vous avez des gars comme [George] Gervin, Mr. K [Larry Kenon] et [Billy] Paultz dans votre équipe, ce sont les stars », assurait Silas, qui animait à merveille un jeu de passes pour mettre les autres joueurs en rythme.
À l’issue de cette saison, les Éperons intègrent la NBA. À peine remis de cette grosse blessure, le meneur de San Antonio se déchire le cartilage en présaison. Il subit deux opérations et ne joue que 22 puis 37 matchs lors de ses deux premiers exercices dans la Grande Ligue. Les trois saisons suivantes, ses dernières sous le maillot des Spurs, Silas atteint un niveau correct sans jamais retrouver les sommets entrevus avant ses pépins physiques.
Une fin amère avant un maillot retiré
En juin 1981, après une défaite lors du Game 7 des demi-finales de Conférence contre les Rockets, les Silver and Black choisissent de transférer James Silas à Cleveland en échange de cash et d’un second tour de draft. Une décision qui reste en travers de la gorge du numéro 13, qui fait littéralement partie de la culture Spurs. Déçu, il juge la franchise cupide et traite le management d’abrutis. Après une seule saison chez les Cavs, il tire sa révérence.
Malgré cette fin abrupte en tant que joueur, l’histoire d’amour entre James Silas et les Spurs va se poursuivre. Le meneur, reconnu pour ses qualités de leader et sa volonté de transmettre ses connaissances aux jeunes générations, va être le premier à voir son maillot retiré par la franchise le 28 février 1984 à la HemisFair Arena. Joueur adroit, notamment aux lancers francs (85,5 % en carrière), James Silas a pâti de son passage par la ABA. Oublié par le Hall of Fame, il a pourtant cumulé 11 038 points en carrière, ABA et NBA confondues, plus de 2 000 rebonds et plus de 2 600 passes décisives. Cela fait de lui le 6e meilleur marqueur de l’histoire des Spurs. La première légende des Silver and Black. Un pionnier trop souvent oublié.