Merci Tony !

Cette semaine, on va laisser de côté les défaites moisies et le jeu dégueulasse de nos Spurs pour se concentrer sur le seul événement qui compte. Celui que tous les fans de basket français attendaient. Le déplacement de la Spurs Nation France à San Antonio ? Oui… mais non. Car si nos camarades de la SNF ont pris l’avion pour le Texas, c’était bien sûr pour assister au retrait du maillot numéro 9 de Tony Parker par la franchise. Retour sur ce moment historique où il valait mieux prévoir les mouchoirs et un bon saladier d’oignons pour expliquer pourquoi on pleurait de si bon matin.

C’est fait. Tony Parker est définitivement entré dans la légende de la NBA, en devenant le premier Français à voir son maillot retiré par une franchise. Et le numéro 9 se retrouve en très bonne compagnie au plafond du ATT Center de San Antonio, aux côtés du 20 et du 21. Le Big Three que TP formait sur le terrain avec Tim Duncan et Manu Ginobili – le plus victorieux de l’histoire avec ses 575 victoires en saison régulière – est désormais affiché pour l’éternité dans l’antre des Spurs. Une nuit riche en émotions et en anecdotes.

Retrait maillot Tony Parker Spurs

Sans retracer la carrière NBA de Tony, brillamment racontée par Pierre ici même, il convient de rappeler que le Français a été 4 fois champion, dont une fois en étant MVP des Finales, et 6 fois All Star dans une conférence où les meneurs de talent pullulaient. La soirée a donc permis de rendre hommage au meilleur meneur de la franchise et à l’un des plus grands arrières de l’histoire de la NBA. Et pour cela, l’ancienne gâchette des Spurs Sean Elliott a vite cédé la place à un Gregg Popovich pressé de prendre la parole. « Assieds-toi et tais-toi pour une fois ! », a lancé le coach avant de se tourner vers un TP aux yeux humides et d’entamer un one-man show.

« Je te présente mes excuses pour tous les maltraitances physiques et mentales que je t’ai imposées. Mais j’ai été le gars le plus chanceux de pouvoir te coacher depuis l’âge de 19 ans. On est parti d’un gamin à qui on a donné le ballon en lui disant de mener la danse et te voilà aux portes du Hall of Fame. Tu as fait tellement de choses incroyables. Tu as enrichi ma vie. »

Pop a enfin mis l’accent sur les qualités d’homme de Tony Parker, soulignées ensuite par tous les autres, et sur tout ce qu’il a apporté à la franchise et à l’organisation.

Une carrière FIBA qui a construit sa légende

Invité lui aussi à prendre la parole, Boris Diaw, coéquipier en sélection avant de le retrouver chez les Spurs, s’est concentré sur leurs aventures communes en Bleus. Bien qu’interrompu par une attaque de chauve-souris – mais que fait Manu ? – Baback a mis en exergue trois dates clés qui résument Tony Parker. 2000 et le titre de champion d’Europe junior obtenu par la France en Croatie, qui a révélé l’âme de leader de Tony. 2005 et les difficultés de TP dans cet Eurobasket qui ont montré à Boris le besoin de Parker d’avoir la confiance de ses coéquipiers. 2013 et le premier titre de l’histoire du basket français et le discours mémorable du meneur à la mi-temps de la demi-finale de l’Euro contre l’Espagne. 

« Le basket français, c’est Tony Parker. Tony Parker est le basket français. » Boris Diaw

Tony Parker, équipe de France

Boris Diaw a également révélé une petite anecdote sur la « famille Spurs » et ce qui rendait la relation entre Pop et Tony aussi spéciale. Invité à passer Noël à San Antonio lors de la première saison de TP en NBA, il apprend que le repas sera chez Gregg Popovich. « Tu passes Noël avec ton coach ? », s’est-il étonné. « C’était incroyable de voir ça, c’était une vraie famille. » Jusqu’à ce que Tony et Pop disparaissent entre le plat et le dessert et qu’il les retrouve, le soir de Noël, en train de débriefer le match de la veille. 

Un incroyable coéquipier

C’est ensuite l’Amiral qui a dressé le portrait de l’homme Tony Parker, dont il est fier d’avoir célébré l’union avec Axelle. David Robinson a par ailleurs vanté ses qualités de joueurs, sa maturité et assuré que Tony est la raison pour laquelle il a pris sa retraite. « J’ai vu sa vitesse lors d’une contre-attaque à l’entraînement. Alors que j’avais l’habitude de rattraper ces gars-là, j’ai compris qu’il était temps… »

Très bref comme à son habitude, Tim Duncan a insisté sur l’incroyable faculté qu’a eue Tony Parker à encaisser les remarques de coach Pop. « Je ne pensais pas qu’il deviendrait le meneur avec lequel j’adorerais jouer tout au long de ma carrière. Je n’aurais aimé jouer avec personne d’autre. » Pour le dernier membre du Big Three, l’Argentin Manu Ginobili, TP a joué un rôle très important. Bien qu’étant plus âgé que lui, le numéro 20 s’est appuyé sur la confiance qu’il lui a donné pour croire en ses chances de réussir. Symbole de leur profonde amitié, en plus de 1 000 matchs ensemble, il ne se souvient d’aucune engueulade.

« Je suis arrivé plein de doutes. Je ne savais pas ce que je pouvais faire en NBA. Il y a même un coéquipier qui pensait que je ne pourrais rien faire – coucou Timmy -, un coach qui pensait que j’étais dingue, voire une cause perdue. Mais on avait un meneur qui m’a fait confiance dès le premier jour. Il savait ce que je pouvais faire. Il m’a dit qu’on serait parmi les meilleurs arrières internationaux de NBA. » Manu Ginobili.

« Coach Pop, un second père incroyable »

Une magnifique introduction à la vidéo hommage préparée par les Spurs à coup de tear drop, spin move et autres lay up dans le trafic.  

Tony s’est alors lancé dans son discours, rendant hommage à tous les gens qui ont influencé sa carrière, en commençant par Bruce Bowen, son idole de jeunesse en France et son « premier grand frère aux Spurs »« À l’époque, personne n’aimait les meneurs européens, en particulier Timmy ! », a plaisanté le Frenchy.

« Il n’y pas de Tony sans Boris », a poursuivi Tony avant d’insister sur le rôle essentiel joué par Chip Engelland – l’expert méconnu du tir chez les Spurs – sans qui « [mon] maillot ne serait pas là-haut ». Le Français s’est alors tourné vers le visionnaire RC Buford, le premier à l’avoir repéré et celui qui lui a donné une seconde chance après un premier workout désastreux.

« Pop, je sais que tu détestes que l’on parle de toi. L’impact que tu as eu sur ma vie est tellement important… Tu as été un second père incroyable pour moi. Tu m’as aidé à comprendre le jeu, à devenir meilleur. En dehors du terrain, tu m’as énormément inspiré. J’essaye de faire le même chose que toi avec l’Asvel. »

Tony s’est également souvenu du moment où Gregg Popovich lui a annoncé à l’arrière de l’avion qu’il serait titulaire. « Tu en as parlé à Timmy ? Il est ok avec ça ? »  C’est à l’autre Twin Tower que Tony a ensuite exprimé sa gratitude, rappelant que son frère était fan du numéro 50 David Robinson, « un exemple de professionnalisme » et que l’Amiral a fait de lui un homme meilleur.

Le Big Three pour la fin

Axe fort des Spurs pendant de nombreuses années, la connexion Duncan-Ginobili-Parker est également particulièrement solide en dehors des terrains. Un lien indestructible qui durera « pour toujours » aux dires du Frenchy, qui a par la suite mentionné de nombreux coéquipiers : Mills, Hill, Murray, Splitter, Rose, Oberto, Belinelli, Bonner… Oups, où est K… ? Qui ça, connaît pas.

Aux côtés de sa femme Axelle et de leurs deux enfants Josh et Liam, Tony Parker a dit au revoir à la franchise après un dernier « GO SPURS GO !!! ». Il est définitivement entré dans la légende. Merci Tony !

Si vous voulez revoir la cérémonie de retrait de maillot intégralement, retrouvez-la ci-dessous :