Retour sur la carrière NBA de Tony Parker

Symbole du basket français pour bon nombre de fans de l’Hexagone, Tony Parker incarne bien plus aux yeux de la Spurs Nation France. C’est sous notre œil bienveillant, puis fier, qu’il est passé de banal 27ème choix de la Draft à l’un des meilleurs joueurs européens à avoir foulé les parquets NBA. Si son départ des Spurs pour Charlotte a eu l’effet d’un glaçant coup de poignard dans nos cœurs, l’annonce de sa retraite en juin dernier résonne encore dans nos têtes comme le glas définitif du Big Three des Spurs. En son honneur, la SNF vous propose de revenir sur la carrière de ce grand homme du basket français qu’est Tony Parker.

Ce n’est pas dans le pays du coq au vin et du bœuf bourguignon que naît William Anthony Parker II, plus connu sous le nom de Tony Parker, mais au pays des frites et de la bière dans la ville de Bruges. Une nouvelle raison pour nos voisins belges de nous détester, puisque l’un des meilleurs meneurs européens de l’histoire NBA préférera le bleu maillot de l’équipe de France plutôt que le rouge et noir belge. Une autre explication à ce choix réside aussi dans le fait qu’il n’a vécu que trois semaines au plat pays. La « faute » à son père, Tony Parker premier du nom, joueur de basket professionnel, transféré du club de Bruges à l’AS Denain, dans le département du Nord. Il ne retournera plus dans son pays natal.

Il opte pour la nationalité française à l’âge de quinze ans. Quoi de plus normal que de choisir le pays du multiculturalisme et de la diversité quand on est le fruit de l’union d’un joueur de basket américain et d’un mannequin hollandais ? Entre temps, le petit Tony a décidé de suivre les traces de son père et de se tourner vers la balle orange. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est doué. Après avoir porté le maillot de divers clubs du côté de Rouen, il intègre l’INSEP, où il rencontre son futur coéquipier en franchise et en sélection, Boris Diaw. Tony restera deux ans au sein du vivier du sport de haut niveau en France avant de passer professionnel avec le PSG Racing en 1999.

Son arrivée en Pro A est discrète. Le meneur titulaire étant Laurent Sciarra, alors meilleur joueur français, Tony se contente d’évoluer dans son ombre : seulement 10 minutes de temps de jeu pour sa première saison pro. Si cette saison 1999-2000 semble bien terne pour le jeune joueur, un petit moment de lumière vient égayer le début du nouveau millénaire : le Nike Hoop Summit. Au cours de ce match d’exhibition opposant les meilleurs jeunes américains aux espoirs les plus prometteurs du reste du monde, Tony se montre : 20 points, 7 passes décisives et 2 interceptions. De quoi taper dans l’oeil des observateurs américains venus dénicher de nouvelles pépites.

Résistant aux appels de la NCAA, Tony rempile pour une nouvelle année en France. Laurent Sciarra parti pour l’ASVEL, le natif de Bruges peut montrer l’étendue de son talent. Prenant la mène de son équipe, il tourne à presque 15 points par match et 6 passes décisives. Assez pour hisser le PSG Racing à la huitième place du classement de Pro A, synonyme de Playoffs, mais pas suffisant pour passer l’ASVEL de son ancien coéquipier lors du premier tour. À l’issue de cette défaite, Tony décide de tenter sa chance Outre-Atlantique.

Perdu d’avance ?

S’il nous est impossible d’imaginer les Spurs sans notre TP national, l’histoire aurait très bien pu prendre cette tournure-là. Et tout cela à cause d’une autre figure emblématique de la franchise, en la personne de Gregg Popovich. Il faut dire que Pop n’était pas très enthousiaste à l’idée de drafter un meneur de 19 ans qui ne comptait qu’une seule saison professionnelle complète en tant que titulaire, dans le championnat de France qui plus est. Leur première rencontre n’a d’ailleurs pas convaincu le tacticien américain. Quelques semaines avant la Draft 2001, R.C. Buford convainc Popovich de faire passer un workout à Tony, conscient que le jeune Français peut être un bel ajout au sein du roster.

Après un vol Paris-Chicago long de 12 heures, TP se rend directement au gymnase pour évoluer sous l’oeil de l’un des scouts des Spurs, Lance Blanks. Ce dernier avait reçu des ordres précis de Pop’ : pousser Tony dans ses retranchements en ne le lâchant pas d’une semelle et en n’hésitant pas à jouer physique avec lui. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce workout a laissé un souvenir salé au meneur français.

Je n’ai pas bien joué. Je ne savais pas quoi faire entre jouer dur ou jouer soft. Pop a d’ailleurs dit qu’il n’allait pas me drafter. Il a dit à R.C. : « Ce n’est pas le joueur que tu m’as vendu » .

https://www.expressnews.com/sports/spurs/article/Parker-Popovich-relationship-resembles-what-Spurs-10928620.php

Après cet échec, Tony réalise d’impressionnants workouts pour d’autres équipes, au point de laisser bouche bée Doc Rivers, coach du Magic à l’époque. Son essai auprès des Celtics les avaient tellement convaincus qu’ils étaient prêts à drafter Tony, forts de leurs trois choix au premier tour de la Draft. Les exploits du frenchy parviennent aux oreilles de Popovich, qui accorde une seconde chance à Tony dans un environnement moins hostile que lors de son premier workout. Parker ne laissera pas cette opportunité filer et va réussir à convaincre le coach des Spurs, malgré les doutes que celui-ci avait.

Le soir fatidique de la Draft arrive enfin. Détenteur du meilleur bilan de la Ligue mais défaits en finales de conférence par les Lakers, les Spurs se contentent du 27ème choix pour espérer s’emparer de Tony. Les jeunes défilent. Boston utilise ses trois picks pour drafter respectivement Joe Johnson, Kendrick Brown et Joseph Forte. Doc Rivers, subjugué par Tony, choisira finalement Jeryl Sasser au 22ème rang. R.C. Buford et Gregg Popovich peuvent souffler : personne ne touchera au prodige français, jugé trop chétif par certains observateurs. L’histoire idyllique entre le Français et la franchise à l’éperon peut débuter, même si Popovich tient à garder son nouveau poulain les pieds sur Terre.

Il est talentueux, mais ça ne suffit pas en NBA. Tony doit se renforcer et gagner en expérience. Il va apprendre des gars que nous avons déjà. Nous verrons comment il progressera.

https://www.expressnews.com/sports/spurs/article/Parker-Popovich-relationship-resembles-what-Spurs-10928620.php
David Stern ne le sait pas encore, mais le 27ème choix de la Draft 2001 est l'un des plus gros steal de l'histoire.
Source : nba.com

Leur relation, similaire à celle qu’entretient un père avec son fils, va alors débuter. Si Pop prend le jeune meneur sous son aile, il se montre également dur avec sa nouvelle recrue, en témoigne l’épisode de la Summer League de Utah. Parker, désireux de montrer qu’il n’est pas un vulgaire choix de fin de premier tour, donne tout : 29 points sur son premier match contre les Cavs. De quoi le satisfaire, même si l’absence de son nouveau coach trotte dans un coin de sa tête.

Il demande à Mike Brown, alors en charge de l’équipe de Summer League, de toucher deux mots à Pop’ et de venir voir l’un de ses matchs. L’ancien entraîneur des Cavs est du même avis : Popovich doit voir jouer Parker dès maintenant et non en septembre lors du camp d’entraînement. Accompagné de Buford, le coach des Spurs se rend au match face aux Nuggets pour assister à la victoire des Texans, emmenés par un Tony à 20 points. Mais il n’accordera aucun mot à son rookie après le match, l’ignorant délibérément en vue du training camp.

Lors du début du camp d’entraînement, Pop’ se montre intraitable envers TP. Attentif à la moindre erreur, il n’hésite pas à le reprendre dès que celui-ci se place mal, rate une passe ou oriente mal le jeu.

Je me suis comporté ainsi pour des raisons un peu égoïstes. J’ai été aussi dur avec lui afin de m’assurer rapidement qu’il avait le mental pour évoluer en NBA. Je l’ai plongé dans le grand bain et je ne l’ai pas lâché, en attaque comme en défense, pour voir comment il allait réagir. 

https://www.expressnews.com/sports/spurs/article/Parker-Popovich-relationship-resembles-what-Spurs-10928620.php

Tony, lui, ne se laisse pas abattre, bien qu’il commence à avoir des doutes sur la confiance de son coach.

« Il ne m’a pas laissé de temps d’adaptation. Il m’a dit : « Tu vas réussir ou échouer. Si tu n’y arrives pas, je transfère tes fesses loin d’ici » [ndlr : « I’m trading your ass » dans le texte]. J’en étais arrivé à un point où je ne savais plus si j’allais réussir à le satisfaire.»

https://www.expressnews.com/sports/spurs/article/Parker-Popovich-relationship-resembles-what-Spurs-10928620.php

Cinq matchs avant l’évidence Tony Parker

Les Spurs commencent la saison 2001-2002 avec Antonio Daniels titulaire à la mène et Tony sur le banc. Mais cette rotation ne durera pas longtemps, loin de là. Au bout de quatre petits matchs, l’évidence éclate aux yeux de Pop : Parker doit avoir plus de minutes et surtout, il doit débuter les rencontres. Et c’est ainsi que, le mardi 6 novembre 2001, à 19 ans, Tony Parker devient le plus jeune meneur de l’histoire à intégrer le cinq majeur d’une équipe NBA. Si sa feuille de stats n’est pas resplendissante (12 points, 4 passes, 2 interceptions), il participe grandement à la victoire de San Antonio sur le Magic de Tracy McGrady et Grant Hill. Pourtant, TP n’était pas si enjoué à l’idée de débuter aussi rapidement en tant que titulaire.

« J’étais très inquiet. J’ai demandé à Pop si Timmy était OK avec ça, car lui et Antonio Daniels s’entendaient très bien. Je me souciais plus de l’équipe que de moi-même. Je voulais être sûr que tout le monde l’accepte. Et Pop m’a dit : « Ça ira pour Timmy ». »

https://www.expressnews.com/sports/spurs/article/Parker-Popovich-relationship-resembles-what-Spurs-10928620.php

Deux jours après ses débuts dans le cinq majeur, il gratifie les Bulls de sa meilleure performance de la saison : 22 pions, 5 caviars et 4 rebonds. Les Spurs enchaînent quatre autres victoires sous l’impulsion de leur meneur. Il est sélectionné au match des rookies lors du All-Star Weekend, signe qu’il s’est déjà fait une place dans le paysage NBA. Tony terminera sa première saison avec des moyennes honorables (9,2 points et 4,3 passes), mais a déjà une influence considérable dans le jeu des Spurs, qui finissent à la première place de la conférence Ouest.

En Playoffs, il s’illustre dès le Game 1 contre Seattle, avec 21 points, puis face aux Lakers, actuels et futurs champions, dans le troisième match de la série avec 24 unités. Les Spurs échouent en demi-finales, mais sont désormais armés d’une certitude : Tony Parker peut incarner l’avenir de la franchise aux côtés de Tim Duncan. Et c’est cette certitude qui va permettre à San Antonio de devenir l’une des places fortes de l’Ouest pour les quinze prochaines années.

L’envol de Tony

La saison suivante voit arriver Manu Ginobili, drafté au second tour de la Draft 1999, au sein du roster texan. On ne le sait pas encore, mais San Antonio tient là l’un des plus grands Big Three de l’histoire du basketball. Pour preuve : après avoir fini avec un bilan de 60 victoires pour 22 défaites, les Spurs mettent un terme à la dynastie des Lakers et sont sacrés champions dès la première année de la formation du trio. Si Duncan, MVP de la saison régulière et des Finales, porte l’équipe sur ses épaules, c’est bien Tony qui orchestre le jeu et donne le tempo. Du haut de ses 1,88 m et de seulement deux années d’expérience, Tony Parker a déjà atteint le Graal NBA. Bagué dès sa deuxième saison : on connaît nombre de joueurs dans l’Histoire prêts à sacrifier une gonade en échange d’un titre.

La saison 2003-2004 ne verra pas les Spurs signer de back-to-back, la faute à des Lakers revanchards lors du deuxième tour des Playoffs. Pourtant, tout n’avait pas si mal commencer pour les Texans, ainsi que pour notre frenchy. Sur les deux premiers matchs de la série, remportés par les Spurs, Parker tournent à 25 points de moyenne et 7 offrandes. La suite va s’avérer beaucoup plus dure pour lui. Les Lakers comprennent qu’il faut le museler pour enrayer la machine Spurs. Etouffé sur les quatre derniers matchs (12 points de moyenne à la fin de la série à 27% au tir), TP ne peut empêcher la défaite des siens. S’il sort totalement abattu de cette série, Tony saura tirer des enseignements de cette désillusion.

Cette série m’a complètement démoralisé, car je nous voyais vraiment les battre, mais bon, on nous a durement ramené à la réalité. Mais ça a été une grande leçon pour moi. Quand on est jeune, il faut savoir se montrer régulier. On atteint un certain niveau, mais il faut ensuite le garder pour tous les matchs. 

https://www.expressnews.com/sports/spurs/article/Parker-Popovich-relationship-resembles-what-Spurs-10928620.php

Le résultat se voit dès la saison suivante. Prolongé pour six ans et 66 millions de dollars – une aubaine de nos jours -, il aide grandement les Spurs à glaner un nouveau titre. Le troisième de leur histoire, le deuxième pour Tony qui n’en est seulement qu’à sa quatrième pige en NBA. Mais il fait déjà partie de la crème des meneurs NBA, aux côtés de Jason Kidd, Chauncey Billups et Steve Nash. Chose rare pour un meneur : il est l’un des joueurs inscrivant le plus de points dans la peinture. Pas mal pour un joueur dont on doutait des capacités physiques pour tenir le choc dans la Grande Ligue. Par sa vitesse, Tony déstabilise les défenses et créé de nombreuses espaces. Il joue parfaitement son rôle de métronome en Playoffs, s’approchant à plusieurs reprises de la trentaine de points. Et même s’il est un peu plus dans le dur face aux Pistons en Finales, sa baisse statistique (14 points par match) n’a que peu d’importance sur le résultat final.

Les saisons suivantes, Tony continue de s’imposer comme l’un des meilleurs meneurs du XXIème siècle. Son tear drop est désormais connu de tous, tout comme ses spin moves, aussi rapides que dévastateurs. Le petit français de 19 ans est devenu grand. À seulement 24 printemps, il allie expérience et volume physique qui font de lui un sacré client pour les meneurs adverses. Si la saison 2005-2006 se solde une nouvelle fois par une défaite en demi-finales de conférence (face aux Mavs, cette fois-ci), elle marque un tournant dans la carrière de TP. Sélectionné par les entraîneurs pour le All-Star Game, Tony Parker devient le premier français à endosser le maillot aux étoiles, symbole de la reconnaissance qu’il a acquise au sein de la ligue.

L’année suivante, il est une nouvelle fois retenu par les coachs de la Ligue pour participer à ce match de prestige, bien que sans enjeu. Cette nouvelle sélection ne marque toutefois pas l’apogée de sa saison, elle arrive bien plus tard. Lors de l’ultime match de la saison régulière, plus précisément. Dans la continuité de leur saison à 58 victoires pour 24 défaites, les Spurs roulent sur l’Ouest lors des Playoffs : 4-1 face aux Nuggets, puis 4-2 contre les Suns de Nash et Stoudemire pour finalement atomiser le Jazz de Deron Williams 4-1 en finale de conférence. LeBron James et ses Cavs ne feront pas mieux en Finales : un bon sweep, net et sans bavure, les attend. Et contrairement aux autres Finales, ce n’est pas Tim Duncan qui est élu MVP, mais bien notre Tony national. 24,7 points, 5 rebonds et 3 passes, le tout à 57% au tir. TP est sur le toit du monde de la balle orange. Désormais, il sera inscrit dans les livres que le premier MVP non-américain de la NBA est un français.

N'y-a-t'il pas plus belle image que celle-ci ?
Source : nba.com

Les saisons suivantes vont être plus frustres pour les Spurs, qui continuent à aller en Playoffs sans parvenir accéder aux portes de l’ultime série. L’impact de Duncan s’affaiblit, et les observateurs NBA commencent à clamer que le cycle Spurs s’épuise et que la base Duncan-Gino-Parker n’est plus celle qu’elle était. Pourtant, Tony tourne toujours dans des standards de All-Star (il le sera à nouveau en 2009, 2012 et 2014). Après avoir débuté la saison en plantant 32 points aux Suns, il réalise son record de point en carrière le 5 novembre 2008. 55 pions envoyés sur la truffe des Wolves en prolongation, accompagnés de 10 passes et 7 rebonds. Le tout en ne marquant que deux fois à trois points et en ne rentrant que 9 lancers francs. Par ailleurs, TP passera cette année la barre des 30 points à sept reprises. Dans la défaite face aux Mavs au premier tour des Playoffs, il envoie encore du lourd. 38 points dans le Game 2, puis 43 dans le quatrième match. Tony est bien dans ses baskets, Tony est le meilleur scoreur des Spurs, Tony arrive dans son prime.

L’apogée de TP

Si les Spurs carburent en saison régulière, la post-season est plus difficile. Sèchement sweepés en 2010 par les Suns, battus dès le premier tour par les Grizzlies en 2011, échouant de peu face au Thunder lors des finales de conférences de 2012 : les doutes et les critiques reviennent sur les Spurs. Sont-ils trop vieux, dépassés ? Peuvent-ils encore se reposer sur un Duncan et un Ginobili amoindris par le poids des années ? L’avenir et TP se chargeront de donner tort à ceux qui osent douter de l’une des franchises les plus titrées de l’histoire.

Avec le prime de Tony Parker vient l’âge d’or du système Spurs et de la philosophie Popovich. Aucun joueur n’est au-dessus de l’équipe, la cohésion et le partage de la balle priment sur les parquets. Pourtant, d’un point de vue statistique, TP sort du lot. S’il ne signe pas ses meilleures statistiques en carrière, Tony est bien le leader de la meilleure équipe de l’Ouest, en témoignent les votes pour le MVP 2013. Notre Français finit sixième du classement, ainsi que dans la All-NBA Second Team pour la deuxième année consécutive.

En Playoffs, il ramène les Spurs en Finales NBA pour retrouver LeBron James, cette fois-ci à Miami, six années après leur dernier affrontement au même stade. Tony s’illustre une nouvelle fois, lors du premier match à Miami, où il assure la victoire texane lors d’un shoot d’anthologie posé sur le museau de LeBron James. Tout fan des Spurs connaît le résultat de cette série, et se souvient de ce coup de poignard de Ray Allen planté dans les ultimes secondes d’un Game 6 qui aurait pu voir les Spurs à nouveau auréolés d’un titre NBA. Tony tient d’ailleurs une place de choix dans cet instant : c’est lui qui monte sur Ray Allen dans le corner avant que celui-ci ne marche rentre l’un des plus grands tirs de l’histoire de la Grande Ligue. À la déception de passer à côté d’un noueau titre s’ajoute la frustration de ne pas voir Tony remporter un nouveau de MVP des Finales tant il avait été le meilleur joueur du côté des Texans.

La saison suivante, les Spurs continuent sur leur lancée et terminent une nouvelle fois premiers de la conférence Ouest. Ils retrouvent le Heat en Finales, mais ce n’est pas l’âpre série de l’an passé qui nous est proposée. San Antonio roule littéralement sur le Heat. La circulation de balle est louée par tous les observateurs et adeptes du basketball. Les statistiques de Tony Parker ont déjà commencé à baisser, mais qu’importe : il reste le maître à jouer, le chef d’orchestre d’une équipe aux rouages parfaitement huilés. Ce titre est certainement l’un des plus beaux de l’ère Popovich, car il est celui qui aura mobilisé la totalité de l’effectif pour ramener le trophée Larry O’Brien dans le Texas. Le trio Duncan-Ginobili-Parker n’est peut-être plus aussi performant qu’avant, mais la relève est déjà là, en la personne de Kawhi Leonard, deuxième MVP des Finales le plus jeune de l’histoire derrière Magic Johnson.

Tony Parker en mode vétéran

Si Tony Parker reste le meneur titulaire de San Antonio, il n’a plus ses jambes d’antan, ni l’impact au scoring qu’il avait. Les blessures s’accumulent et ses statistiques chutent. Malgré le départ de Tim Duncan à la retraite, les Spurs sont toujours là une fois la saison régulière terminée, et peuvent compter sur un Leonard de plus en plus fort. Si les Playoffs 2015 et 2016 se terminent avant les finales de conférence, il en aurait pu être tout autre en 2017. Kawhi est alors en train de montrer qu’il fait partie des meilleurs joueurs de la Ligue et son duo avec LaMarcus Aldridge fait des ravages. L’intérieur profite d’ailleurs de l’expérience et du jeu de passe de Tony pour tourner à 18 points de moyenne les yeux fermés. Mais face aux Warriors et au vice d’un certain pivot géorgien, la saison des Spurs s’arrête aux portes des Finales et l’avenir qui s’annonçait jusqu’alors radieux, va peu à peu s’obscurcir.

Avec un Kawhi éloigné des parquets, Pop doit s’en remettre à Aldridge et au reste de l’équipe pour continuer à accrocher les Playoffs. Tony n’est titulaire que 21 matches cette saison et doit désormais se concentrer sur un nouveau rôle : celui de mentor. Dejounte Murray, drafté en 29ème position lors de la Draft 2016, se voit confier la mène par Popovich et doit réussir, du haut de ses 21 ans, à accomplir ce que Parker a lui-même fait lors de son arrivée en NBA. Tony accepte ce nouveau rôle avec plaisir, conscient de la dureté de la tâche qui attend Murray.

Quand Pop m’a dit qu’il pensait que c’était mieux pour l’équipe, que je sorte du banc et que je joue avec Manu afin d’apporter de l’énergie et des trucs comme ça, je le crois. Je lui fais confiance. S’il pense que nous pouvons faire quelque chose de mieux avec l’équipe, ça me va. J’ai été très chanceux d’être avec les Spurs pendant toutes ces années, et cela fait partie de notre mentalité.

https://www.nba.com/article/2018/02/05/morning-tip-san-antonio-spurs-point-guard-legacy-dejounte-murray-tony-parker#/

Si San Antonio finit une nouvelle fois dans les huit premiers de l’Ouest, la concurrence est rude comme elle ne l’a jamais été. Battu par des Warriors bien supérieurs lors du premier tour des Playoffs, les Spurs vont connaître un été agité, aux antipodes de la stabilité affichée durant tant d’années une fois la saison terminée. Kawhi Leonard demande un transfert qui va bouleverser le roster, entraînant l’arrivée de DeMar DeRozan et de Jakob Poeltl dans le Texas. Mais l’annonce du départ de Tony pour Charlotte, suivie de la retraite de Ginobili, plongent les fans de San Antonio dans un infini désarroi et une profonde nostalgie. Car il est désormais temps de faire table rase du passé et d’accepter que le meilleur meneur de l’histoire de San Antonio ne portera plus jamais les couleurs des Spurs.

Par sa carrière exemplaire et son parcours incroyable, Tony Parker incarne sûrement le mieux ce qu’est le rêve américain. Arrivé esseulé et plongé dès le début dans le grand bain, TP n’a jamais eu le droit à l’erreur. Peut-être est-ce difficile pour nous, simples spectateurs, de prendre conscience du mental et du travail dont il faut faire preuve pour parvenir au plus haut niveau et d’y rester. Peut-être est-ce impossible de se rendre compte de toutes les difficultés qu’a rencontrées Tony à peine le pied posé sur le sol américain. Son influence, ainsi que son héritage, ne s’arrêtent pas aux frontières de la ville de San Antonio, mais s’étendent sur toute la NBA. Car dans un milieu où on fait davantage confiance aux jeunes américains qu’aux prospects étrangers, Tony a ouvert une voie royale pour les européens. Plus que l’histoire d’une franchise, c’est dans le livre de l’Histoire NBA et, à une plus grande échelle, du Basket, que Tony Parker a laissé son empreinte.