Les San Antonio Spurs de A à Z

1.1 Création de la franchise et débuts en NBA (1967-1985)

Les San Antonio Spurs sont une franchise de basket-ball américaine basée à San Antonio, dans l’État du Texas. Fondée en 1967, elle joua tout d’abord 9 saisons en ABA (American Basketball Association) sous les noms des « Dallas Chaparrals » et « Texas Chaparrals » jusqu’en 1973, où la franchise est relocalisée à San Antonio, et où elle prit le nom qui est encore le sien aujourd’hui. C’est au même moment que les Spurs, par le biais d’un échange avec les Virginia Squires (qui ont d’ailleurs fait faillite quelques temps plus tard car le départ de Gervin a fait brutalement baisser l’intérêt des fans pour la franchise), obtiennent le futur Hall of Famer George Gervin, pour lesquels il jouera 12 ans. Ce serait la première grande star de l’équipe, la portant sur ses épaules grâce entre autres à sa faculté de marquer dans tout type de situations, même les plus compliquées, avec une facilité déconcertante. On lui loue généralement la popularisation du « finger roll », inventé dans les années 1960, c’est une variante du double-pas dans laquelle le ballon roule sur les doigts du porteur avant de se déposer dans le panier. Il détient également quatre titres de meilleur marqueur sur une saison, ce qui est le troisième plus gros total de l’histoire de la NBA.

Le logo des Spurs depuis la saison 2017-2018.

Lors des neuf saisons des Dallas Chaparrals puis des San Antonio Spurs en ABA, ils ne rateront les Playoffs qu’une seule fois lors de la saison 1972-73, juste avant que la franchise soit relocalisée. Malgré tout, l’équipe n’atteindra jamais les finales ABA.

1.2 Fin de l’ère George Gervin (1985-1987)

Pendant l’été 1985, les Spurs se séparent de George Gervin, alors sur le déclin, et l’envoient aux Chicago Bulls. C’est la fin d’une ère ayant commencé lors du déménagement de la franchise à San Antonio. Sans leur arrière multiple All-Star, les Texans vont vivre une période très difficile jusqu’à la fin des années 1980, finissant systématiquement dans les dernières places de leur conférence. Mais ce mauvais passage n’est qu’une étape qui, par la suite, mènera les Spurs à des décennies de succès. Deux ans après le transfert de George Gervin, en 1987, la franchise texane termine sa saison avec un bilan de 28 victoires pour 54 défaites, autrement dit, à l’approche de la Draft, les texans arborent le quatrième pire bilan de la ligue.

1.3 David Robinson (1987-1996)

1.3.1 Draft de David Robinson (1987)

En 1987, les Spurs avaient une chance sur sept (soit 14.29%) d’obtenir le premier choix. Les New Jersey Nets obtinrent le troisième choix, les Phoenix Suns le deuxième, et le premier choix finit dans les mains des dirigeants des San Antonio Spurs, qui sélectionnèrent le pivot David Robinson en provenance de l’US Navy. Son cursus dans l’armée américaine l’empêcha d’ailleurs de rejoindre l’équipe immédiatement, ce qui retarda son arrivée jusqu’à l’été 1989.

1.3.2 1989-1996

L’arrivée de « The Admiral » dans l’effectif texan fut une réussite totale, établissant un nouveau record NBA pour l’époque : celui de la plus grande progression d’une saison à l’autre. En effet, avec le phénomène David Robinson dans leur équipe, les Spurs passèrent 21 petites victoires (sur 82 matchs) en 1988-1989 à 56 en 1989-1990, soit 35 victoires de plus. Ce record fut cependant dépassé à nouveau par les Spurs avec l’arrivée de Tim Duncan, mais nous y reviendrons plus tard. La même année, étant le facteur principal du renouveau de l’équipe texane, il est nommé Rookie de l’année avec 24.3 points et 12 rebonds de moyenne par match, ce qui est fait une des plus grosses performances pour un joueur dans sa première année.

En Playoffs, les Spurs ne laisseront pas un match aux Denver Nuggets au premier tour avant de perdre 4-3 face aux Portland Trail Blazers sur une dernière fin de match totalement ratée.

David Robinson était un joueur très spécial pour l’époque. Arrivé dans la grande ligue à l’âge de 24 ans, il est tout d’abord doté d’une compréhension du jeu très au-dessus de la moyenne, a une très bonne science du placement et est capable de bien distribuer le ballon à ses coéquipiers. Son « QI Basket » comme on l’appelle, lui a été indispensable tout au long de sa carrière pour devenir la légende qu’il est aujourd’hui.

Mais ce à quoi on pense en premier lorsque l’on prononce « David Robinson » ou « L’amiral », c’est son physique hors du commun. Mesurant 2m16 pour un peu plus de 115 kilos de muscles, capable à la fois de défendre son panier tel une tourelle inamovible, de traverser le terrain à la vitesse d’un guépard puis de marquer avec la force d’un éléphant ou la souplesse d’un gymnaste, il est le pivot le plus souple et mobile de l’histoire, et l’un des plus polyvalent. Il pouvait marquer à volonté grâce à sa technique, sa musculature et un tir mi-distance qu’il maîtrisait à la perfection. Défensivement, il était capable de tout faire. Sa musculature lui permettait de défendre sous le panier en empêchant ses adversaires de pénétrer la raquette, sa mobilité extraordinaire pour sa taille de suivre son adversaire jusqu’autour de la ligne à 3pts, et sa vitesse de courir derrière un arrière sur contre-attaque.

2m16 et 116 kg, c’est pas un homme c’est un grizzli.

La saison suivante, fier d’une très bonne saison et de 55 victoires en saison régulière, David Robinson est élu dans la All-NBA First Team et la All-NBA Defensive First Team tout en étant le meilleur rebondeur de la ligue. Malgré un bilan leur permettant de finir à la deuxième position de la conférence Ouest, les Spurs seront les victimes d’un énorme upset au premier tour face à la septième place de la conférence Ouest, les Golden State Warriors. Avec un bilan à peine au-dessus des 50% de victoires (44-38), le trio des guerriers de la baie d’Oakland mènera la vie dure aux Texans. Avec leur trio extérieur composé d’un jeune Tim Hardaway (candidat au Hall of Fame), l’arrière scoreur Mitch Richmond (Un des meilleurs marqueurs des années 1990) et l’ailier Chris Mullin (double Hall of Famer), les Spurs ne remporteront qu’un match et s’inclineront 3-1. L’équipe « tout pour l’attaque » du coach Don Nelson n’a fait qu’une bouchée de San Antonio avant de se faire éliminer 4-0 par les Los Angeles Lakers au tour suivant.

La saison 1991-1992 sera similaire. Sans doute une des meilleures saisons défensives de l’histoire pour David Robinson, qui se termine prématurément par une élimination sèche 3-0 au premier tour par les Phoenix Suns. Amputé de leur meilleur joueur pour une blessure au pouce, les Spurs n’ont pas pu faire face à leurs adversaires.

Durant l’été 1992, David Robinson sera membre de la légendaire Dream Team des jeux Olympiques de Barcelone, cette dernière étant largement considérée comme la meilleure équipe de Basket de tous les temps, composée de joueurs tels que Michael Jordan, Larry Bird, Karl Malone ou Magic Johnson.

La saison qui suivit cet exploit voit enfin David Robinson remporter un nouveau tour de Playoffs face aux Portland Trail Blazers (le premier depuis 1990). Au tour suivant, les Spurs se feront sortir 4-2 encore une fois par les Suns de Charles Barkley.

Durant l’été, les Spurs font entre autres l’acquisition de Dennis Rodman en provenance des Detroit Pistons, Hall of Famer et meilleur rebondeur de tous les temps, il a été essentiel dans le sens où il a énormément allégé le travail de David Robinson à prendre des rebonds, il a donc pu se concentrer sur le scoring. Technique efficace puisqu’il finit meilleur marqueur de la ligue lors du dernier match de la saison avec 29.8 points par match. Lors du dernier jour de saison régulière, l’Amiral était à la lutte avec Shaquille O’Neal pour le titre de meilleur marqueur, ce dernier avait 0.06 point d’avance sur l’ancien de l’US Navy. Lors de ce dernier soir, les Texans décidèrent de gaver l’Amiral de ballon. Résultat : 71 points à 26/41 au tir. Un nouveau record de franchise, et 7ème plus gros total de points de l’histoire en un match (Depuis, seul Kobe Bryant dépassa ce nombre, avec 81 points en 2006). Malheureusement ils s’arrêteront au premier tour des Playoffs face au Jazz.

1.4 Débuts de l’ère Popovich (1994-2000)

La saison 1994-1995 vit les Spurs acquérir la pièce maîtresse de leur succès futur : Gregg Popovich. Il avait déjà été assistant coach entre 1988 et 1992 et après ça il partit 2 ans chez les Golden State Warriors (toujours en rôle d’assistant coach) avant de revenir à San Antonio, cette fois en tant que General Manager. Pour cette première saison, San Antonio finit 1er de sa conférence, et David Robinson fut élu Most Valuable Player of the Year (aussi appelé MVP). Les Spurs atteignirent pour la première fois de leur histoire le stade des finales de conférences, qu’elles perdront 4-2 face aux Houston Rockets. La saison suivante se termina avec la 1ère place de la conférence Ouest et une élimination en demi-finale de conférence, décidemment.

1.4.1 Arrivée de Tim Duncan et premier titre (1997-1999)

La saison 1996-1997 se présentera comme un tournant dans l’histoire des Spurs. David Robinson ne jouera que 6 des 82 matchs de la saison à cause d’une blessure au pied puis au dos. Son absence fit plonger les Spurs au fond de la conférence Ouest, ce qui entraînera le General Manager Gregg Popovich à virer le coach Bob Hill pour s’auto-engager en tant que coach. Malgré ça, les Spurs finirent tout de même à la 13ème place de sa conférence et donc obtiendra un pick haut à la prochaine Draft.

Les Spurs sont attendus au second choix avec 21.6% de chance de l’obtenir, et vont une fois de plus déjouer les probabilités pour passer devant les Boston Celtics et prendre le premier choix ! Les Spurs sélectionneront donc le légendaire Tim Duncan, un ailier fort en provenance de l’Université de Wake Forest !

Timothy Theodore Duncan, dit Tim Duncan, est né le 25 avril 1976 sur les Îles Vierges Américaines. Il se passionne d’abord pour la natation grâce à ses deux grandes sœurs, mais changea de destinée lorsque l’ouragan Hugo apparu et détruit une bonne partie de son île. Après ce drame, à l’âge de 13 ans, « Timmy » se passionna pour le Basket-ball et devint l’un des meilleurs joueurs de son pays. Ayant promis à sa mère d’obtenir son diplôme universitaire coûte que coûte, il retarda son arrivée en NBA pour finir son cursus avant de se présenter à la Draft NBA.

Lorsque les Spurs sélectionnent Tim Duncan avec le premier choix de la Draft 1997, ils ne s’attendent sûrement pas à avoir signé le meilleur ailier fort de tous les temps. « The Big Fundamental », comme on l’appelle, est considéré comme tel, et à raison. Avec ses 2,11m et ses 113 kilos, Tim a eu un impact décisif des deux côtés du terrain tout au long de sa carrière.

Tim Duncan, le meilleur ailier fort de l’histoire de ce sport.

Commençons par ses qualités offensives : Duncan a une palette offensive monstrueuse, à commencer par son « signature move », le tir avec la planche. Généralement à 45° du panier, que ce soit dos au panier, de face, en sortie de dribble, en shootant, peu importe la position dans laquelle il est, la balle quitte ses mains, tape la planche, puis rentre dans le cercle. Ce shoot n’est peut-être pas très impressionnant, il est tout de même indéfendable. Mais ce n’est qu’une petite partie de tout son arsenal offensif. Il a par exemple un shoot mi-distance qu’il maîtrisait très bien malgré une mécanique de tir peu académique, son hook shot sous le panier qui lui permettait de tirer par-dessus son défenseur, ou plus généralement toutes ses feintes très bien réalisées, ses déplacements avec et sans le ballon pour perdre le défenseur et sa vision de jeu qui lui a permis de faire de très bonnes passes tout au long de sa carrière.

Il était assez athlétique, surtout en début de carrière, ce qui lui a permis de dunker assez sévèrement et de s’imposer dans les airs. Qualités athlétiques qui l’ont également beaucoup aidé en défense pour contrer ses adversaires ou empêcher quiconque d’approcher de son cercle. Que ce soit au poste d’ailier fort ou de pivot, Duncan était un défenseur d’exception. Il avait une intelligence de jeu presque jamais vue, et une science du placement qui lui a permis d’empêcher l’accès au panier à énormément de joueurs, que ce soit en défense pure sur l’homme ou en aide, Timmy était toujours bien placé. Quelques statistiques pour finir, Tim Duncan c’est 5 titres, 3 Finals MVP, le meilleur contreur et troisième rebondeur de l’histoire des Playoffs, a été sélectionné 14 fois dans une NBA All-Defensive Team et actuellement meilleur marqueur, rebondeur, contreur et joueur ayant joué le plus de matchs de l’histoire des San Antonio Spurs.

C’est donc avec un secteur intérieur composé de Tim Duncan et David Robinson, qui resteront dans l’histoire sous le nom des « Twin Towers », et avec Gregg Popovich pour sa première vraie saison en tant que coach que les Spurs démarrent la saison 1997-1998. Pour l’anecdote, au début de cette saison, 92% des fans des Spurs voulaient que Gregg Popovich soit viré.

On a déjà parlé de David Robinson et Tim Duncan, mais qu’en est-il de Gregg Popovich, mythique coach des Spurs et un des…, ou plutôt le meilleur de l’histoire à son poste (et c’est non négociable) ?

Né le 28 janvier 1949 dans l’Indiana d’un père serbe et d’une mère croate, « Pop », fan de basket depuis sa plus petite enfance et ancien officier de renseignement de l’US Air Force ayant participé à des missions top-secrète en union soviétique, prend toujours un malin plaisir à conserver le flou sur son passé. « Si je vous disais ce que j’ai fait, je serais obligé de vous tuer », dit-il parfois. Lors d’une de ses tournées avec l’équipe de Basket de l’armée américaine en Union Soviétique (après avoir échoué à entrer en NBA en tant que joueur), il se passionne pour le basket joué là-bas, ce qui, des années plus tard, pourrait expliquer son intérêt pour les basketteurs européens. Après avoir été entraîneur assistant des Air Force Falcons, il lance sa carrière de head coach en 1979 dans une petite université privée du nom de Pomona-Pitzer, une école spécialisée en art et très peu concernée par le sport, démontré par son emplacement tout en bas du classement NCAA, en troisième division. En plus de son rôle d’entraîneur, Popovich est très concerné par la vie sur le campus. Il est professeur, président du comité de la vie étudiante, milite pour les droits des femmes et des homosexuels, etc…

Malgré tous ses efforts pour rendre son équipe meilleure, 2 victoires et 22 défaites lors de la première saison, et des résultats semblables lors de ses premières années dans l’enceinte de l’université. Les mauvais résultats ne l’ont en aucun cas découragé, comme l’explique un ancien étudiant membre de l’équipe : « Il sortait des lapins d’un chapeau. Il était comme un magicien, à essayer de trouver n’importe quel moyen de nous rendre bon ».

Pendant l’été, Pop prenait sur son temps libre pour trouver des joueurs à recruter. Il cherche pendant des semaines en regardant des vidéos, des statistiques et va même jusqu’à rendre visite aux joueurs pour les motiver à rejoindre l’équipe. Il portait un réel intérêt à chaque joueur qu’il rencontrait, même en dehors du terrain. Quelque chose qu’il a conservé tout au long de sa carrière, encore une explication à sa réussite plus tard avec les Spurs (il a, par exemple, invité Tony Parker chez lui pour Noël lors de sa saison rookie car il ne connaissait personne sur place). Et ses efforts s’avéreront payants lorsqu’en 1986, Pomona-Pitzer remporte son premier titre de champion de conférence depuis 68 ans ! En cause, une hausse de la taille moyenne de l’effectif de 10 centimètres, des efforts incroyables pour rendre ses joueurs meilleurs et une proximité avec ces derniers.

Gregg Popovich, le meilleur coach de tous les temps.

Après avoir pris une année sabbatique, il rejoint la NBA en tant qu’assistant coach, d’abord aux Spurs, puis aux Warriors, avant de devenir General Manager à San Antonio. Son passé a donc eu une influence non négligeable sur l’homme qu’il est devenu aujourd’hui, et est une des grandes raisons de son succès à la tête des San Antonio Spurs. Il a également une vision très lucide de son métier et du basket, disant qu’il a énormément de chance d’être là où il est aujourd’hui, et que les problèmes en NBA sont dérisoires comparé à l’horreur du monde. Il est très engagé en politique, et a beaucoup critiqué Donald Trump en conférence de presse lors de son élection, laissant le basket derrière pour parler de ce qui, selon lui, est vraiment important.

L’arrivée de Tim Duncan va lancer la dynastie des Spurs sous Popovich, après une première saison prometteuse voyant Tim Duncan terminer Rookie de l’année et All-NBA First Team pour sa première année, c’est l’année suivante que San Antonio verra le graal. Malgré un lock-out forçant la NBA à ne débuter qu’en février, les Spurs gagneront 74% de leurs matchs et iront jusqu’en Finales NBA pour remporter le premier titre de leur histoire aux dépends des New York Knicks (4-1). Portés par un Tim Duncan à plus de 27 points et 14 rebonds de moyenne sur la série, les Knicks ne pourront que subir cette série, privés de leur leader Patrick Ewing et muselés par une défense texane sans pitié.

1.5 Les années 2000

1.5.1 Débuts du « Big Three » (2001-2003)

Ce qui revient très souvent lorsque l’on parle des Spurs, c’est leur capacité à voir ce que personne d’autre ne voit lors des Draft, à savoir sélectionner les meilleurs jeunes joueurs quel que soit leur place dans cette dernière. En 1999, après avoir remporté leur premier titre, la franchise de San Antonio se présente à la Draft avec les choix numéro 29 et 57. Ils choisiront d’abord Leon Smith à la 29ème position, qui ne jouera que deux saisons en NBA et qui fut immédiatement échangé après sa draft, ce qui fait qu’il ne portera jamais les couleurs texanes. Puis, avec le 57ème choix (soit l’avant dernier choix de la Draft), ils décidèrent de choisir Manu Ginobili, un jeune arrière argentin jouant au Reggio de Calabre, en Italie.

Il deviendra, comme on le verra plus tard, un des joueurs les plus important de l’histoire des Spurs, mais il ne rejoindra les États-Unis qu’en 2002, restant trois ans en Italie pour perfectionner son jeu avant d’entrer dans la grande ligue.

La saison 1999-2000 voit les Spurs se faire éliminer au premier tour des Playoffs par les Suns à cause d’une blessure au genou qui empêcha Tim Duncan de jouer la fin de la saison. La saison suivante vit les Spurs atteindre une nouvelle fois les finales de conférence et se faire sweeper 4-0 face aux Los Angeles Lakers, futurs champions.

La Draft 2001 fut encore une preuve du talent des recruteurs et du flair de Gregg Popovich. San Antonio devra encore une fois attendre la toute fin du premier tour pour pouvoir sélectionner son futur joueur, et ils choisirent un jeune meneur français en provenance du Racing Club de Paris, Tony Parker.

Né en Belgique en 1982 d’un père basketteur et d’une mère mannequin, William Anthony Parker II se passionne très tôt pour le basket et commencera très tôt à jouer en club. Doté d’un talent hors-norme, il fera ses études à l’INSEP (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance), avant de rejoindre le PSG Racing à 17 ans.

Il s’inscrit à la Draft NBA 2001 et est sélectionné par les San Antonio Spurs, qui feront de lui leur meneur titulaire après seulement cinq matchs. Quand on connaît la réticence de Popovich à faire jouer des joueurs en première année, c’est dire à quel point Tony était déjà très mûre pour son âge.

Vitesse, agilité, intelligence, altruisme, voici Tony Parker.

« TP » est un joueur très rapide, se servant de sa vitesse pour dribbler son défenseur et finir sous le cercle. Scoreur né, il maîtrise parfaitement les changements de vitesse et son agilité lui permet de marquer dans à peu près n’importe quelle position. Bon dribbleur, il maîtrise à la perfection le spin move pouvant même en réaliser un en pleine course. Il a un très grand talent d’improvisation, lui permettant de toujours trouver une solution pour arriver jusqu’au panier. Mauvais shooteur lorsqu’il est arrivé en NBA, il a énormément travaillé dessus pour devenir un très bon tireur à mi-distance.

Tout au long de sa carrière il a appris à gérer une attaque, à rendre ses coéquipiers meilleurs et à faire le bon choix, la bonne passe au bon moment, devenant, en fin de carrière, un excellent meneur gestionnaire et un mentor pour les jeunes de l’équipe.

À une époque où les franchises NBA sont encore frileuses à l’idée de recruter des joueurs non-américains, le flair et la confiance de Popovich dans ce domaine a contribué à changer la vision des américains par rapport au reste du monde, et les motivant à aller chercher des joueurs parfois très jeunes venus d’Europe, en sachant qu’ils n’ont pas grand-chose à envier aux natifs (Ricky Rubio, Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic, etc…).

Et comme dit plus haut, le jeune français ne mis pas beaucoup de temps avant de se révéler comme un véritable crack, car après seulement 5 matchs dans la franchise, Gregg Popovich décida de le titulariser au poste de meneur, poste qu’il gardera pendant les 15 années qui suivirent, et devenant la première force offensive de l’équipe dès 2007 et ce jusqu’en 2015.

La première saison de Tony Parker se solde donc par une deuxième place de la conférence Ouest et une élimination en demi-finale de conférence face aux Lakers 4-1. La saison suivante vit les Spurs rappeler Manu Ginobili d’Europe pour enfin intégrer leur effectif.

La folie et la classe ne un seul homme. Manu Ginobili, le coéquipier ultime.

Le troisième membre du Big Three légendaire des Spurs, Manu Ginobili, est un arrière d’1m98 pour 93 kilos et originaire de Bahía Blanca en Argentine. Son père, joueur et entraîneur dans sa ville, lui inculqua très vite sa passion pour le basket et la NBA. À 21 ans, il rejoint le Viola Reggio de Calabre et devient très vite une pièce maîtresse de l’équipe. Autant en attaque qu’en défense, il se donnait toujours au maximum et mettait toujours ses coéquipiers en avant.

S’il fallait donner un adjectif pour définir « El Manu », ce serait compétitivité. Tous ceux qui ont joué avec ou contre lui sont formels, c’est un des plus grands compétiteurs de l’histoire de la NBA. Il tapa dans l’œil de R.C. Buford dès 1997, et quand il se présenta à la Draft 1999, ils décidèrent de le sélectionner à la 57ème position en espérant qu’il devienne un bon joueur de complément quelques années plus tard. Ils ne le savaient pas encore, mais ils venaient de drafter un des meilleurs arrières de tous les temps, et de réaliser le plus gros vol de l’histoire de la Draft.

Manu restera en Italie trois ans pour perfectionner son jeu en attendant de rejoindre la grande ligue. Il rejoint le Virtus Bologne en 2000. Cette même saison, il fut élu MVP de l’Euroleague, champion d’Euroligue et MVP des finales, rien que ça. À l’été 2002, juste avant de rejoindre les Spurs, Manu Ginobili mena l’Argentine en finale des championnats du monde de Basket à Indianapolis.

Ginobili est l’éclair de folie qu’il fallait aux Spurs. Sa compétitivité, son athlétisme et son esprit d’équipe firent de lui un leader au fil des années. Il a même décidé, alors qu’il était au top de sa carrière, de laisser sa place de titulaire pour sortir du banc en cours de match et guider les remplaçants. Rôle qu’il n’a jamais lâché, même s’il finissait presque toujours les fins de matchs et qu’il jouait autant qu’un vrai titulaire. C’est un des joueurs les plus dévoués à son équipe que la NBA ait connue. Il a tout donné aux Spurs pendant plus de 16 ans, sans jamais se mettre lui et ses statistiques en avant. Pour lui c’est la victoire qui compte, et rien d’autre. Excellent shooteur, agressif pour finir près du cercle, dévoué en défense, généreux, un vrai leader fidèle indispensable pour une équipe qui veut durer.

1.5.2 2003-2010.

Et la réussite du trio ne se fera pas attendre. Dès leur première saison ensemble, en 2002-2003, et après que Manu Ginobili ait été nommé Rookie du mois de mars, les Spurs arrivent en Playoffs comme prétendants au titre NBA. Alors que les équipes en face avaient une stratégie bien précise pour lutter contre les Spurs, à savoir forcer le jeune Tony Parker à perdre des balles et empêcher le duo Duncan-Robinson de jouer leur jeu, Ginobili apparu comme une véritable surprise par sa capacité à sanctionner derrière la ligne des 3 points, à finir fort sous le cercle posa de gros problèmes à leurs adversaires.

Notamment les Dallas Mavericks en finale de conférence, qui arrivaient bien à limiter les Spurs jusqu’à ce que El Manu élève son niveau de jeu et démontre son impact sur son équipe. En finale, les New Jersey Nets ne prendront que deux matchs aux Texans, et les Spurs remporteront le deuxième titre de leur histoire avec une fois de plus un Tim Duncan MVP des Finales avec 25 points, 17 rebonds, 5 passes décisives et 5 contres de moyenne sur la série. Il frôla même le quadruple-double au Game 6, avec 21 points, 20 rebonds, 10 passes décisives et 8 contres (même si on sait tous que si la NBA avait fait son boulot correctement, ils auraient été capables de noter que Timmy avait en fait réalisé 10 contres).

De retour en 2005, après une énorme déception en Playoffs l’année précédente (Derek Fisher 0.4 secondes, on connait), San Antonio est remontée à bloc et ne comptent pas laisser passer leur chance de gagner un troisième titre. En Playoffs, après avoir éliminé successivement les Denver Nuggets, les Seattle SuperSonics et les Phoenix Suns, ils retrouvent les Detroit Pistons, champions en titre, pour une finale rugueuse et défensive. Les deux équipes n’arriveront pas à se départager avant le septième match.

Au Game 5, alors que les deux équipes étaient à 2-2, Robert Horry (un des joueurs les plus décisifs de l’histoire NBA tout en étant « seulement » un remplaçant marquant 7 points par match en moyenne en carrière), offrira la victoire aux Spurs grâce à 21 points marqués entre la fin du troisième quart-temps et la fin du match qui ira en prolongation, dont un Game Winner à 3 points à 7 secondes de la fin de la prolongation. Après un Game 6 remporté 95-86 par Detroit lors du sixième match, les Spurs finirent le travail à San Antonio, pour remporter leur troisième titre NBA en 7 ans.

Tony Parker, Tim Duncan, et Manu ginobili, le plus grand Big Three de l’histoire ?

Cette finale est le meilleur exemple pour illustrer le style de jeu et la mentalité que Gregg Popovich a inculqué aux Spurs. Ce qui revient le plus lorsque l’on parle des San Antonio Spurs, c’est la défense et le collectif. Depuis que Popovich est entraîneur des Spurs, il a fait de la défense le moteur de son équipe, cette dernière se retrouvant presque systématiquement dans les meilleures défenses de la ligue. Ça a permis aux Spurs, qui avaient à l’époque une attaque assez lente et qui ne marquait pas beaucoup, d’essayer plutôt que de marquer plus de points que l’adversaire, essayer d’en encaisser moins. Autrement dit, miser sur la défense plutôt que sur l’attaque. Un autre principe fondateur du jeu des Spurs est le collectif et les déplacements sans ballon.

Après une saison décevante qui s’arrêta en demi-finale de conférence face aux Dallas Mavericks en 7 matchs, les Spurs reviennent en Playoffs la saison suivante en ayant fini deuxième de leur conférence, derrière ces mêmes Mavericks. Ces derniers ne poseront tout de même pas de problème aux Spurs, se faisant éliminer au premier tour à la surprise générale. Les Spurs accèderont sans réelle difficulté aux finales NBA 2007 pour affronter les Cleveland Cavaliers d’un jeune mais déjà inarrêtable LeBron James. Le système de jeu et le talent des Spurs surpasseront totalement les Cavaliers, ces derniers ne remportant pas un seul match de cette série, et San Antonio remporte son quatrième titre NBA dans le sillage d’un Tony Parker MVP des finales. À seulement 24 ans, le jeune français a montré toute l’étendue de son talent lors de ces Playoffs.

En sortant d’une très bonne saison (18 points et 5.5 passes décisives à 52% au tir), il a passé un cap supplémentaire en Playoffs en élevant ses moyennes à presque 21 points et 6 passes décisives en 38 minutes de jeu. Il a mené l’attaque de San Antonio d’une main de maître et a exploité l’entièreté de sa palette offensive. En finale, TP tournera même à plus de 24 points à 57% au tir, laissant ses adversaires impuissants devant sa vitesse et sa technique. Même quand ses coéquipiers étaient au plus mal, par exemple Tim Duncan lors du match 4 (seulement 12 points à 4/15 au tir), Tony était capable de diriger l’attaque et faire briller ses coéquipiers (24 points pour lui ce soir-là). Les Spurs finissent donc leur saison avec un quatre titres NBA en poche, le quatrième en 9 ans.

1.6 Les années 2010

La fin des années 2000 va être bien plus compliquées pour les Spurs. Malgré de très bons résultats en saison régulière, un Tony Parker au top de sa forme et une équipe toujours aussi bien construite, San Antonio va connaître un léger passage à vide. Après une finale de conférence en 2008 perdue en cinq matchs face aux Los Angeles Lakers, l’escouade texane quatre fois championne NBA va connaître trois ans de déceptions successives. En 2009, après avoir finis troisième de conférence, ils se font sortir au premier tour par les Mavericks en cinq matchs seulement, en 2010 ils s’inclineront en demi-finale en quatre matchs face aux Phoenix Suns, et encore en 2011, après avoir finis premiers de conférence, les Spurs se feront prendre par surprise par les Memphis Grizzlies, huitièmes de conférence cette année-là, et sortiront 4-2 par cette équipe du Tennessee.

1.6.1 Kawhi Leonard, renouveau et titre (2011-2014)

Après cette nouvelle déception lors des Playoffs 2011, les San Antonio Spurs se présentent à la draft NBA avec les picks numéros 29 et 42, mais surtout une idée en tête : se procurer Kawhi Leonard, un ailier de 2m01 en provenance de la petite université de San Diego State. Ce dernier ayant très impressionnés les dirigeants texans lors des entraînements pré-draft, ils sont prêts à tout pour l’obtenir. Il est sélectionné en 15ème position de la draft par les Indiana Pacers, mais les Spurs organisent un trade et envoient George Hill (alors meneur remplaçant derrière Tony Parker) pour obtenir ce jeune talent, ainsi que deux rookies. C’est un pari très risqué à l’époque, d’autant plus que George Hill est un joueur important de l’effectif. Mais Popovich et son équipe savent ce qu’ils font, et ils vont faire grandir le jeune Kawhi pour le faire dévoiler son vrai potentiel.

Kawhi Leonard, le traître.

La saison 2011-2012 va relancer la machine Spurs. Alors qu’un lock-out a lieu et que la saison ne comportera finalement que 66 matchs pour chaque équipe, les Spurs finissent premiers de leur conférence avec un bilan de 50 victoires pour 16 défaites. En Playoffs, ils élimineront d’abord l’Utah Jazz 4-0, avant d’affronter les Los Angeles Clippers, qu’ils battront également sur le même résultat. Leur parcours s’arrêtera en finale de conférence face à l’Oklahoma City Thunder. Après avoir gagné les deux premiers matchs à domicile, ils perdront les quatre suivants. Lors de cette série, cinq des six matchs joués se sont terminés avec moins de 10 points d’écart.

La saison suivante, San Antonio finit deuxième de sa conférence derrière le Thunder, et est déterminé à prendre sa revanche et enfin retrouver les finales NBA, six ans après leur dernière participation. Ils battront sans difficulté les Los Angeles Lakers au premier tour (4-0), puis les Golden State Warriors au second (4-2), et vont sweeper les Memphis Grizzlies 4-0 en finale de conférence.

Les Spurs arrivent donc en finale pour y affronter le champion en titre, le Miami Heat du trio LeBron James, Dwayne Wade et Chris Bosh. Après un premier match remporté par les texans à Miami, dont un game winner de Tony Parker, le Heat va ramener la série à 1-1 avant de se rendre à San Antonio pour les deux matchs suivants. Le match 3 sera une victoire de plus de 30 points des Spurs, mais une fois de plus l’équipe de LeBron James va recoller la série à 2 matchs partout. Après un game 5 remportés une fois de plus par les texans (vous suivez ?), la troupe de Gregg Popovich retourne en Floride avec l’occasion de clôturer la série et de partir avec le titre. À 20 secondes de la fin du match, les Spurs menaient de 2 points et Kawhi Leonard avait deux lancers francs, qui assureraient presque la victoire s’il les mettait les deux. Malheureusement, il va manquer le premier et marque le second, ce qui signifie que le Heat pouvait toujours revenir. C’est un shoot à 3 points miraculeux de Ray Allen qui mènera le match en prolongation. Les Spurs ne se remettront pas de ce tir, et perdront ce match ainsi que le suivant, laissant le titre au Miami Heat alors qu’ils étaient aux portes de la victoire.

Très remontés après cette nouvelle déception, en 2013-2014 San Antonio finit premier de sa conférence, et se présentent en Playoffs avec un seul objectif : le titre. Après un premier tour compliqué face aux Mavericks (4-3), ils élimineront Portland puis Oklahoma City pour se retrouver en finale à nouveau face au Heat. Cette fois-ci, pas de doute, les Spurs termineront cette série en seulement 5 matchs, et partiront avec le cinquième titre de l’histoire de la franchise. C’est Kawhi Leonard qui sera élu MVP des finales avec des moyenne de 18 points, 6 rebonds, 2 passes décisives, 1.5 interceptions et 1 contre de moyenne sur l’ensemble de la finale.

Le jeu pratiqué par les Spurs lors de cette saison est l’apogée du coaching de Gregg Popovich. Un jeu de passes très travaillé, du mouvement sans ballon, peu de dribbles et pas d’individualités. Couplé à ça, une défense toujours aussi solide et des joueurs intelligents pour mettre en pratique ce système. Ce titre est la victoire du collectif face aux individualités.

Le titre NBA de 2014, peut-être le plus beau titre des Spurs.

1.6.2 Retraite de Tim Duncan, transition et situation actuelle (2014-Aujourd’hui)

La saison suivante verra le commencement d’une grande période de transition à San Antonio. Le « Big 3 » qui offrit quatre titres aux Spurs vieillit, et il est temps que la nouvelle génération prenne le dessus. Le visage de la franchise change également peu à peu, pour passer de Tim Duncan à Kawhi Leonard, qui devient un des meilleurs joueurs de la ligue. « Timmy » restera encore deux ans dans la franchise, et prendra sa retraite à l’été 2016, passant définitivement le flambeau au jeune Kawhi.

L’« ère Leonard », ne durera que deux ans, et se finit de façon abrupte à l’été 2018, lorsque ce dernier demanda son transfert après une année lors de laquelle il n’a pas joué et s’est lentement éloigné de l’équipe. La franchise a donc du rapidement trouver un échange pour se séparer de son joueur star, et avec les conditions spéciales de la situation. En effet, le joueur disant ouvertement qu’il veut partir, couplé au fait qu’il ne lui restait qu’une année de contrat avant d’être libre, sa côte a beaucoup baissé. Il a fallu plus d’un mois aux Spurs pour trouver un échange convenable, malgré la pression que Leonard et son agent ont mis sur la franchise. C’est finalement à la surprise générale que Kawhi Leonard est envoyé chez les Toronto Raptors avec Danny Green, contre DeMar DeRozan, star incontestée des Raptors et meilleur joueur de l’histoire de cette franchise, et un jeune pivot du nom de Jakob Poeltl.

Couplé à cette arrivée le départ de Tony Parker chez les Charlotte Hornets (37 ans) et la retraite de Manu Ginobili (41 ans), et c’est sans crier gare qu’une nouvelle ère se profile à San Antonio, autour du duo DeMar DeRozan et LaMarcus Aldridge, et entourés de jeunes à développer. Aujourd’hui, Gregg Popovich est le dernier membre de l’âge d’or des Spurs et arrive lui aussi au bout de sa carrière. Les lueurs d’espoirs pour notre avenir se nomment Derrick White, Lonnie Walker ou Dejounte Murray. Le futur des Spurs est plus flou que jamais, mais l’institution qui a été construite pendant plus de 20 ans, elle, subsistera, et le futur est en marche, autant sur le terrain qu’à ses abords.