À 41 ans, Kobe Bryant nous a quittés hier soir, dans un accident d’hélicoptère. Sa fille de 13 ans Gigi est également décédée. Un choc pour toute la Ligue, qui a multiplié les hommages lors de matchs qui n’avaient pas vraiment de sens. Minutes de silence, joueurs en larmes, horloge des 24 secondes écoulées… Tout s’est plus ou moins arrêté cette nuit. Retour sur la saine rivalité qu’il a entretenue avec les Spurs.
Ce matin, cela semble encore irréel. La nuit a été courte. Kobe, le Black Mamba, la légende des Lakers, n’est plus. On ne le reverra jamais plus au bord d’un terrain, enlacer un de ses héritiers, comme il a pu le faire avec LeBron il n’y a pas si longtemps encore. On ne le reverra plus discuter de basket avec sa fille Gigi, elle aussi partie trop tôt.
Il y a quelques jours, il cédait avec élégance sa 3e place au classement des meilleurs marqueurs all-time au King. Mais jamais nous n’écouterons son discours d’intronisation au Hall of Fame. Une hérésie…
J’ai découvert la NBA avec la génération Dream Team 92, mais Kobe demeure une icône de la balle orange. Et, aujourd’hui encore, comme l’ensemble de la planète basket, et bien au-delà, j’ai les yeux humides…
Un destin lié aux Spurs
Pourtant, en fan des Spurs que je suis, j’ai tellement aimé détester Kobe. Les batailles entre nos Spurs et ses Lakers ont souvent été rudes, parfois cruelles, toujours épiques. Et l’histoire de Kobe se mêle, en quelque sorte, à celle de Pop, le légendaire coach des Spurs. C’est en 1997 que Kobe débarque en NBA en provenance du lycée, l’année où Gregg Popovich prend les rênes de la franchise de San Antonio. Jusqu’à sa retraite en 2016, le Black Mamba et Pop se sont affrontés, se sont respectés. Voilà ce que c’est, la beauté du sport.
En 1999, lors du premier titre des Silver and Black, les Texans balayent les Lakers 4-0 en demi-finale de conférence. Kobe, dans sa troisième année dans la Ligue, est déjà le deuxième meilleur marqueur des Angelenos avec 21,3 points, accompagnés de 6,5 rebonds et 3,5 passes. Le début d’une rivalité féroce qui durera des années. Le compétiteur qu’était – ça fait tellement mal d’employer le passé – Kobe ne pouvait pas laisser passer ça.
L’année suivante, les Lakers sont champions sans croiser la route des Spurs, éliminés très tôt. Mais les luttes avec Tim Duncan et ses troupes vont marquer les années 2000. Entre 1999 et 2010, les deux franchises vont se partager 9 titres en douze saisons – 4 pour les Spurs, 5 pour les Purple and Gold. En 2001, le sweep est pour les Lakers avec un Kobe qui marche sur l’eau : 33,3 pts, 7 rbds, 7 pds. Tout au long de sa carrière, aux côtés du Shaq ou seul, il donnera toujours le maximum. Parfois au détriment du collectif, diront certains, mais à chaque fois avec une hargne qui l’a propulsé au sommet de son sport.
Un mental hors du commun
Son extrême confiance en lui passait souvent pour de l’arrogance, mais cette détermination est la marque des plus grands. Ajoutez à cela un talent au-dessus de la moyenne et vous obtenez l’un des plus meilleurs joueurs de l’histoire. Les moments mythiques ne manquent pas dans sa carrière. De ses 81 points à sa tournée d’adieu un brin forcée qui se termine sur un nouveau carton à 60 points… Mais tout cela en dit bien peu sur le joueur extraordinaire qu’était Kobe Bryant.
Car, avec le numéro 8 ou le numéro 24, il incarnait – et cela pour toujours – la Mamba Mentality. Par son travail, son abnégation, il a inspiré des milliers de jeunes à travers le monde à suivre leur voie. Ne jamais abandonner, aller au bout de ses envies, de ses rêves, parce que la vie est trop courte. Autant de message qu’il a martelé tout au long de sa carrière… Il ne pensait pas si bien dire. Sa passion l’avait même conduit au cinéma, en tant que producteur.
Des dizaines de joueurs ont regardé tes exploits pour te copier, adapter un de tes modes, à l’image de DeMar DeRozan, dévasté hier soir et consolé par Gregg Popovich avant le match contre Toronto.
Aujourd’hui, tout cela paraît si loin, si irréel, comme si toutes ses arabesques qui ont fait rêver les amateurs de basket n’avaient été qu’une hallucination collective, disparue en un claquement de doigt. Pourtant, il a marqué des générations entières. Qu’on l’ait aimé ou détesté, nous l’avons tous admiré. Car il était un formidable joueur, et un féroce compétiteur. Mamba Out. Merci Kobe !