Une bague / Une histoire (#1) – 1999, les fondations d’une dynastie

En cette période si particulière et face à la suspension jusqu’à nouvel ordre de la saison de la NBA, la SNF vous propose une série pour revenir sur chaque titre NBA glané par les Spurs. Cinq épisodes, cinq bagues, cinq saisons légendaires, mais à chaque fois une histoire singulière. Aujourd’hui, place au titre de 1999, année du premier sacre des Texans… Et première brique d’une des plus belles dynasties de la NBA.

Le contexte

La saison 98-99 est l’année deux du “projet” Tim Duncan. Et dès sa première saison, le natif des Îles Vierges a montré qu’il n’était pas du genre à perdre son temps. Drafté en première position par les Spurs en juin 1997, l’ailier fort a permis à la franchise texane d’afficher un bilan de 56 victoires et 26 défaites au cours de l’exercice 97-98… soit 36 succès de plus que la saison précédente. Quatrième bilan de l’Ouest derrière le Jazz, les Sonics et les Lakers, les Spurs passent le premier tour des playoffs (victoire 3-1 contre les Suns) mais se font stopper en demi-finale de conférence par Utah et son duo Stockton-Malone, qui se fera assassiner par “The Shot” de Jordan en finale NBA quelques semaines plus tard. Avec une jeune superstar associée à un futur Hall of Famer (Robinson) dans la raquette, une dernière campagne pleine de promesse et un Gregg Popovich qui entame sa troisième saison sur le banc, les Spurs peuvent donc s’appuyer sur quelques certitudes et San Antonio, sans être favori, fait partie des équipes à prendre très au sérieux.

Le casting

À une époque où la Ligue était encore dominée par les intérieurs, les Silver & Black se présentent sur la ligne de départ avec leurs redoutables “Twin Towers” dans la peinture. David Robinson vient certes de fêter ses 33 ans mais pesait encore 21,6 points, 10,6 rebonds et 2,6 contres au cours de l’exercice précédent, au terme duquel il a été élu dans la All-NBA Second Team. À ses côtés, Tim Duncan (21,1 points, 11,9 rebonds, 2,5 contres), Rookie de l’année 98, a quant à lui bouclé sa première saison dans la All-NBA First Team (!). Pour encadrer ses deux stars, le management des Spurs a fait le choix de la continuité. À la mène, Avery Johnson (33 ans), deuxième plus gros temps de jeu de l’équipe lors de la saison 97-98 derrière Duncan, a le rôle de premier lieutenant et se chargera d’alimenter en caviar le duo d’intérieurs. Sean Elliott garde sa place dans le cinq majeur. Seul changement notable sur les lignes arrières : le départ de Vinny Del Negro (près de 32 minutes de jeu en 97-98) vers les Bucks et l’arrivée du vétéran Mario Elie (35 ans), double champion NBA avec les Rockets en 94 et 95. Un certain Steve Kerr, qui reste sur trois bagues avec les Bulls, débarque aussi avec toute sa bijouterie dans le Texas. Un bon présage.

La saison régulière (37-13, #1 à l’Ouest)

Tout ce beau monde devra néanmoins attendre le mois de février 1999 pour jouer ensemble en match officiel. Comme ce fut le cas en 2011, quand, pendant plusieurs semaines, Nicolas Batum avait enfilé le maillot du SLUC Nancy et Tony Parker celui de l’ASVEL (même la tunique verte fluo du club rhodanien lui allait mieux que celle de Charlotte…), la saison régulière 98-99 est marquée par un lock-out et ne compte que 50 matchs. Après 191 jours de grève, un nouvel accord salarial entre la Ligue et le syndicat des joueurs est signé et le jeu peut enfin reprendre. Mais la préparation tronquée semble perturber les Spurs, qui mettent du temps à trouver leur rythme de croisière. Après un mois de compétition, les hommes de Popovich affichent même un bilan négatif (6 victoires, 8 défaites).

La mécanique se met (très) sérieusement en route dès le mois de mars (série de 9 wins) et San Antonio déroule pour finir avec le meilleur bilan de la ligue à la fin de la régulière, début mai (37 victoires, 13 défaites). Au niveau individuel, Tim Duncan a régalé au poste bas (21,7 points à 49% au tir, 11,4 rebonds, 2,5 contres) et est élu pour la seconde année de suite dans la All-NBA First Team. Malgré un David Robinson moins présent en attaque (15,8 points), les Spurs s’appuient sur la meilleure défense de la NBA et s’avancent vers les playoffs avec l’étiquette d’équipe à battre.

Les playoffs (3-1 Wolves, 4-0 Lakers et 4-0 Blazers)

Opposition de style dès le premier tour des playoffs entre les Spurs et les Timberwolves. Sur le poste 4, le très sobre Tim Duncan est opposé au bestial Kevin Garnett, qui est dans sa quatrième saison avec la franchise de Minneapolis. Mais les Spurs s’en sortent plutôt facilement (malgré un petit accroc à domicile au match 2) et Avery Johnson (19,5 points, meilleur marqueur des Spurs, 6,3 passes) prend parfaitement le relais de The Big Fundamental.

Après la défaite concédée à la maison contre les Wolves, les Spurs ne lâcheront plus un seul match des playoffs à l’Ouest. En demi-finale de conférence, les Lakers de Shaq’ et Kobe, qui gagneront les trois titres suivants, sont balayés 4-0. Duncan est inarrêtable dans la peinture (29 points, 10,8 rebonds) et fait (presque) passer le gros N°34 des Angelinos pour un rookie en défense.

Même tarif pour Portland en finale de conférence. Là encore, les Spurs doivent se coltiner du lourd dans la raquette (Rasheed Wallace, Arvydas Sabonis) et la franchise de l’Oregon donne du fil à retordre aux Éperons lors des deux premières confrontations à San Antonio. Au match 2, les Texans doivent s’en remettre au fameux “Miracle Day Memorial Shot”, un tir improbable de Sean Elliott à la dernière seconde qui relègue le shoot de Ray Allen lors des Finales 2013 au rang d’action banale.

Les deux matchs suivants sur le terrain des Blazers ne seront qu’une formalité. Trois ans après la finale de conférence perdue contre les Rockets d’Olajuwon (sixièmes de la régulière à l’époque), l’affront est désormais lavé et les Spurs accèdent pour la première fois de leur histoire aux Finales NBA.

Les Finales (4-1 Knicks)

San Antonio a roulé sur la conférence Ouest. Mais, s’il y a bien une équipe qui enflamme la planète basket depuis le début des playoffs, ce sont bien les Knicks, que les Spurs affrontent pour soulever le trophée Larry O’Brien. La franchise de Big Apple a créé la sensation en devenant la première équipe classée huitième de sa conférence en saison régulière à se qualifier pour les Finales NBA. Si les Texans puisent leurs forces dans le secteur intérieur, les Knicks, eux, s’appuient avant tout sur leurs extérieurs (Latrell Sprewell, Allan Houston) en attaque et comptent sur Marcus Camby en défense pour freiner les Twins Towers. Malgré tout, les Knicks s’avancent vers les Finales sans leur franchise player, Patrick Ewing, gravement touché au tendon d’achille au tour précédent.

Après deux premiers matchs parfaitement négociés au Texas (victoire 89-77 et 80-67), San Antonio lâche le match 3 au Madison Square Garden (89-81). Victorieux du Game 4 dans la Mecque du basket, les Spurs reviennent à la maison en position de glaner le titre. Ce sera chose faite, après un money time étouffant (victoire 78-77) et malgré un Sprewell bouillant (35 points). Duncan (27,4 points, 14 rebonds sur la série) est élu MVP des Finales, Robinson enlace la moitié de la salle, Steve Kerr remporte son quatrième titre consécutif… et la franchise décroche sa première bannière de champion.

Seulement cinq jours après avoir été sacrés champions, le 30 juin 1999, les Spurs choisiront un certain Manu Ginobili en avant dernière position de la draft. L’histoire est en marche.