Une bague / Une histoire (#4) – 2007, la relève attendra

Quatrième et avant dernier épisode de notre série consacrée à l’histoire des cinq titres remportés par San Antonio . Place au sacre de 2007, acquis par les Spurs avec un esprit revanchard et surtout face à une nouvelle génération plus qu’ambitieuse.

Les Spurs ont remporté le titre NBA 2007 en dominant les Cavaliers de LeBron James en finales.
Visuel : Aurélien Sohard

Le contexte

S’offrir un back-to-back est une immense performance. Lors de la saison 2005-2006, les Spurs l’ont appris à leurs dépens. Dans la foulée de leur titre NBA 2005, les Texans s’offrent un bilan de 63 victoires pour 19 défaites (1er l’Ouest, 2eme de la ligue). Mais, sur la route de leur deuxième trophée Larry O’Brien consécutif, Duncan et sa bande tombent en sept matchs contre les Mavericks de Dirk Nowitzki au deuxième tour. Malgré une conférence Ouest toujours plus relevée et une draft 2003 qui a soif de pouvoir (LeBron James All-NBA first team, Dwyane Wade champion avec le Heat et MVP des finales), les Spurs abordent la saison 2006-2007 l’esprit revanchard et avec l’obsession de reprendre leur titre.

Le casting

Détruire un roster à la moindre (grosse) déconvenue n’a jamais été dans l’ADN des Spurs. Alors, malgré l’élimination précoce lors des playoffs 2006, le management des Spurs prône la continuité et s’appuie plus que jamais sur son trio Parker-Duncan-Ginobili. La saison précédente, le meneur français a décroché sa première étoile en disputant le All-Star game de Houston et le pivot des Îles Vierges a une nouvelles fois dominé dans la peinture (All-NBA second team, All-NBA defensive second team). Gêné par des pépins physiques au début de la dernière saison régulière (17 matchs manqués en tout), “El Manu” sort encore d’un été bien rempli avec l’Albiceleste (4eme du mondial au Japon, élu dans le cinq majeur de la compétition).

Autour du Big Three, Gregg Popovich et son staff ont à leur disposition une armée de role players. Dans son rôle de pitbull défensif, Bruce Bowen, fraîchement élu dans la All-NBA defensive first team pour la quatrième année consécutive, est au sommet de sa carrière. Le sniper Michael Finley, chipé aux Mavs à l’été 2005, Brent Barry et enfin Beno Udrih complètent les rotations sur les lignes extérieures. Dans la raquette, les Spurs ont perdu Rasho Nesterovic et Nazr Mohammed. Mais ils peuvent compter sur le travail de soutier de Fabricio Oberto, rejoint à l’intersaison par Francisco Elson pour faire les poubelles sous les paniers

La saison régulière

Une saison régulière maîtrisée (58 victoires, 24 défaites), une attaque moyenne (14ème équipe de la ligue au nombre de points marqués) et une défense injouable (1er en termes de points encaissés) : l’exercice 2006-2007 semble être un copié-collé de ce que les Spurs version Popovich proposent depuis l’arrivée de Tim Duncan en 1997. D’ailleurs, si le Big Fundamental (20,3 points) termine la saison avec sa plus faible moyenne de points marqués depuis ses débuts en NBA, année rookie comprise, il règne encore en maître dans les raquettes. A la fin de la régulière, il est élu dans la All-NBA first team pour la neuvième fois en dix ans de carrière.

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Au cours de la saison, les Spurs ne perdent qu’une seule fois trois matchs de suite. Mieux : le diesel texan se met très sérieusement en route entre le mois de février et mars, période pendant laquelle San Antonio enchaîne 13 victoires consécutives. Idéal pour sécuriser l’avantage du terrain au premier tour et surtout se mettre en confiance avant d’attaquer les choses sérieuses. Car le programme qui attend les Silver & Black en post-season va être corsé.

Les playoffs (4-1 Nuggets, 4-2 Suns, 4-1 Jazz)

Dès le premier tour des playoffs 2007, les Spurs vont pouvoir tester leur défense. Les Nuggets du duo Carmelo Anthony-Allen Iverson se dressent sur la route des Texans. En régulière, les deux All-stars ont régalé (28,9 points pour Melo, 24,8 pour The Answer) et ils compilent 61 points à eux deux pour s’offrir le game 1 sur le parquet de l’AT&T Center. Un accroc sans conséquence pour les Spurs, qui remportent les quatre rencontres suivantes.

Le coup d’épaule de Robert Horry

En demi-finale de conférence, les Texans croisent une vieille connaissance : les Suns de Mike D’Antoni. Deux ans après leur affrontement en finale de conférence (victoire des Spurs 4-1), Nash, Stoudemire et consort défient une nouvelle fois les Spurs. Mais cette fois-ci dans un costume de favoris. Deuxième de la saison régulière avec trois succès d’avance sur les Spurs, la franchise de l’Arizona a aligné 17 victoires consécutives entre novembre et décembre, signant, à l’époque… la troisième plus grosse série de l’histoire. Mais les Spurs annoncent la couleur dès le match 1 : le tandem Duncan-Parker est injouable (33 points, 16 rebonds pour l’ailier-fort ; 32 points, 8 passes pour TP) et les Spurs reprennent déjà l’avantage du terrain au milieu des champs de cactus.

Le game 4, marqué par le coup d’épaule virile de Robert Horry sur Steve Nash fera basculer la série, Boris Diaw et Amar’e Stoudemire étant suspendus pour le game 5 après avoir voulu en découdre avec « Big shot Rob ».

Les Suns hors course, et les Mavs du MVP Dirk Nowitzki piteusement éliminés par les Warriors du “We believe” au premier tour, un boulevard s’ouvre devant les Spurs à l’Ouest. En finale, ils ne font presque qu’une bouchée du Jazz, n’abandonnant, par politesse, qu’un seul petit match aux coéquipiers d’Andreï Kirilenko et de Deron Williams. Pour la quatrième fois en huit ans, San Antonio va participer aux grandes finales NBA.

Les Finales (4-0 Cavaliers)

La régularité des Spurs sur la décennie force le respect. Mais, à l’aube des finales, le monde entier n’attend qu’une seule chose : l’avènement tant attendu de LeBron James. Cinquième du classement MVP (27,3 points, 6,7 rebonds et 6 passes), le “Chosen One”, alors seulement âgé de 23 ans, a porté les Cavs sur ses larges épaules. En finale de conférence, James a terrassé les Pistons à lui seul, dans une série marquée par son légendaire match 5.

Sauf que les lieutenants de l’ailier s’appellent Drew Gooden, Zydrunas Ilgauskas ou Larry Hughes Et, face à un collectif aussi huilé que celui des Spurs, cela ne pardonne pas. Au match 1, la défense des Spurs fait vivre un enfer à LeBron James, qui n’inscrit que 14 points à 4/16 au shoot. A la rencontre suivante, le 1er choix de la draft 2003 se reprend. Mais ses 25 points sont éclipsés par les 30 unités d’un Tony Parker survolté. Après deux matchs remportés facilement (85-76, 103-92), les Spurs s’envolent pour l’Ohio et les deux rencontres suivantes sur le parquet des Cavs sont plus disputées. Mais le dénouement est identique et le constat amer pour les fans de Cleveland : les Spurs l’emportent (75-72, 83-82) et sweepent leurs adversaires.Auteur d’une série prodigieuse, Tony Parker (24,5 points de moyenne) devient le premier Européen à remporter le titre de MVP des Finales.

Le couronnement du King attendra. A ce moment-là, c’est un petit meneur venu de l’autre côté de l’Atlantique que le Texas célèbre comme un prince.