Une bague / Une histoire (#2) – 2003, les adieux d’une légende

David Robinson a tiré sa révérence sur le titre de champion NBA, en 2003.
Visuel : Aurélien Sohard

Pour cet épisode 2 de notre série “Une Bague / Une histoire”, dédiée à chaque titre NBA gagné par les Spurs, on retourne en 2003 afin de revivre la dernière saison de David Robinson. Ou comment honorer une figure de la franchise de la plus belle des manières.

Le contexte

À l’automne 2003, la NBA est Purple & Gold. Les Lakers de Shaq et Kobe viennent de rouler sur la Ligue en s’offrant un Three-Peat (2000, 2001, 2002). Les Spurs, dernière franchise championne avant le règne des Angelinos, ont conclu la saison 2001-2002 à la deuxième place de l’Ouest (58 victoire, 24 défaites) mais ont été balayés par les Lakers en demi-finale de conférence (4-1). Malgré ce revers, l’exercice a été marqué par l’éclosion de Tony Parker. Drafté en 27e position l’été d’avant, TP vient de conclure une année rookie prometteuse. Tim Duncan, quant à lui, construit peu à peu sa légende. The Big Fundamental a été élu MVP de saison régulière pour la première fois de sa carrière et arrive au sommet de son art. De quoi entrevoir l’avenir de manière plutôt positive, et ce malgré l’annonce, au début de saison, de la retraite de David Robinson…

Le casting

Les Spurs s’apprêtent donc à dire adieu à leur légendaire pivot. Et pour offrir une sortie digne de ce nom à son “Amiral”, la franchise texane a fière allure. Cette année-là, R.C Buford est nommé manager général. Aux côtés de Popovich, il mise sur la continuité. L’effectif texan s’articule toujours autour du même noyau et les titulaires de l’année précédente (Tim Duncan, David Robinson, Steve Smith, Bruce Bowen et Tony Parker) sont toujours là. Pendant l’été, le front-office a décidé d’envoyer deux de ses soldats (Antonio Daniels et Charles Smith) à Portland pour récupérer Erick Barkley (envoyé en Grèce avant le début de la saison) et rapatrier Steve Kerr, une vieille connaissance. Après trois ans de bons et loyaux services, Terry Porter (18 minutes de temps de jeu la saison précédente) a quant à lui décidé de raccrocher.

À l’aube de sa troisième saison dans la grande ligue, Stephen Jackson est voué à avoir une place importante dans la rotation. Sa jeunesse et sa fougue vont pousser Pop’ à lui donner le spot de Steve Smith, titulaire sur les ailes l’année précédente mais un peu vieillissant. Dernier changement dans la rotation texane : l’arrivée d’un certain Manu Ginobili. Drafté quelques jours après le sacre des Spurs en 99, l’Argentin vient de passer trois saisons en Italie. Élu dans l’équipe type du Mondial 2002, il semble plus que jamais prêt à montrer tout son talent à la NBA… et à devenir le facteur X qui fera passer un cap aux Spurs.

La saison régulière (60-22, #1 à l’Ouest)

Même si l’effectif n’a que très peu bougé, la machine Spurs va mettre un peu de temps avant de tourner à plein régime. Le début de saison est correct mais les hommes de Gregg Popovich attendent une bonne quarantaine de matchs avant de passer à la vitesse supérieure. Et le coup d’accélérateur va être brutal. Entre le 29 janvier et la fin de la saison régulière, San Antonio enchaîne les séries de wins et ne lâche que six petits matchs en deux mois et demi. Résultat : alors qu’ils affichaient un bilan de 29 victoires et 16 défaites en plein coeur de l’hiver, les Éperons terminent l’exercice avec 60 victoires et 22 défaites au compteur, soit le meilleur bilan de la ligue.

Fidèles à leur ADN, les Spurs s’appuient avant tout sur une grosse défense, la troisième meilleure de la ligue en termes de points encaissés. L’attaque est moins efficace, mais les Texans peuvent compter sur un Duncan inarrêtable au poste bas pour faire le boulot (23,3 points, 12,9 rebonds). Afin d’épauler l’ailier fort, qui rafle son deuxième titre de MVP consécutif, San Antonio peut compter sur la progression de Tony Parker. Pour sa saison sophomore, le meneur français score 15,5 points par match et devient la deuxième arme offensive de l’équipe. David Robinson ne pèse plus que 8,5 points mais Stephen Jackson (11,8 points), Malik Rose (10,5 points) ou encore Manu Ginobili (7,8 points) assurent derrière le duo Duncan-Parker.

Les playoffs (4-2 Suns, 4-2 Lakers, 4-2 Mavericks)

Dès le premier tour des playoffs, disputé contre les Suns, le ton est donné : sortir de l’Ouest sera tout sauf une partie de plaisir. L’effectif explosif de la franchise d’Arizona, emmené notamment par Stephon Marbury, Shawn Marion, Amar’e Stoudemire ou encore Penny Hardaway, surprend San Antonio d’entrée en enlevant le game 1. Au match 5, alors que les deux équipes sont à égalité 2-2, une grosse rencontre de Malik Rose en sortie de banc (27 points, 13 rebonds) sera nécessaire pour faire basculer la série du côté des Spurs.

Au tour suivant, les Silver & Black voient se dresser devant eux leur bête noire. Les Lakers, triple champions en titre, ont éliminé les hommes de Popovich des playoffs lors des deux dernières années (finale de conférence en 2001 et deuxième tour en 2002). Il n’en fallait pas plus pour que Tim Duncan se décide à siffler la fin de la récré. Opposé au gros Shaq dans la raquette, et malgré le très faible apport de David Robinson (21 minutes de temps de jeu sur la série), le MVP de la saison régulière emporte tout sur son passage : 28 points de moyenne et surtout une performance stratosphérique au game 6 au Staples Center pour plier la série (37 points, 16 rebonds). La dynastie des Angelinos prend ainsi fin, sous les coups de boutoirs de Timmy.

En finale de conférence, Duncan a toujours la main aussi chaude et score 40 points sur la tête des Mavericks dès le premier match… malgré tout remporté par les coéquipiers de Dirk Nowitzki. Dos au mur, San Antonio réagit bien et remporte les deux rencontres suivantes. Les Spurs mènent 2-1 et la blessure de l’ailier fort allemand, qui manquera le reste de la confrontation, va leur faciliter la tâche et leur permettre de conclure sereinement la série. Quatre ans après le premier sacre de 1999, les Spurs retrouvent les Finales NBA.

Les Finales (4-2 Nets)

Pour la dernière série de playoffs de sa carrière, l’Amiral David Robinson voit s’avancer les Nets du général en chef Jason Kidd. Le meneur de New Jersey joue à un niveau incroyable et a emmené sur son dos une armée de soldats (Kenyon Martin, Richard Jefferson, Kerry Kittles) que personne ou presque ne voyait en finale NBA. Après avoir sweepé les Pistons en finale de conférence à l’Est, les Nets cèdent le game 1 dans le Texas mais reprennent l’avantage du terrain en remportant la rencontre suivante sur le parquet de l’AT&T Center.

La grosse performance de Tony Parker au Game 3 dans le New Jersey (26 points, meilleur marqueur) permet aux siens de faire à nouveau basculer la série. Au match 4, les Nets l’emportent sur le fil (77-76) et restent en vie. Mais ce n’est que partie remise. Car le collectif texan est trop fort, Jason Kidd trop seul, et les Spurs gagnent assez aisément les deux dernières rencontres. David Robinson s’offre même le luxe de terminer sa carrière en soulevant le trophée Larry O’Brien devant le public de San Antonio. Toutes les caméras se braquent sur le pivot, qui arbore un sourire presque aussi large que ses épaules. Après 14 saisons de bons et loyaux services, il peut partir tranquille : sa bijouterie est désormais bien remplie et, avec le trio Duncan-Parker, Ginobili, la relève semble assurer. Mais ça, c’est une autre histoire.